La Gouvernance Cellulaire est une démarche de gouvernance partagée comme il en existe de nombreuses autres. Ce qui le rend unique, au même titre que chacune des autres approches, c’est sa couleur.
Par couleur, nous entendons le système de valeur sur lequel il est construit et qui a permis de sélectionner et agréger différents outils. Dans cet article, nous allons découvrir ce système de valeur qui repose sur trois piliers principaux

1) Permettre à chacun de se réaliser

La Gouvernance Cellulaire, comme toutes les gouvernance partagée, est avant tout une façon d’être et de faire ensemble. Dans ce contexte collectif, il s’agit cependant de trouver (et de définir) la place de l’individu : est-il moins important que le projet commun ? Plus important ? Cette notion d’importance a-t-elle seulement un sens ?

Ce premier pilier permet d’ajuster de façon continue le curseur entre le projet, le groupe et l’individu : en ayant pour objectif que chacun puisse se réaliser, c’est à dire cheminer vers une meilleure version de soi-même, le groupe et les individus qui le composent sont invités à questionner régulièrement leur engagement, leur place et leur motivation, et à proposer les ajustements nécessaires.

Notamment, il s’agit de questionner régulièrement l’adéquation entre motivation, compétences et challenge, pour que chacun se situe dans une zone ne générant ni anxiété ni ennuis et permettant d’évoluer dans un cadre suffisamment bien défini pour nous soutenir et suffisamment engageant pour nous pousser à relever des défis, quitte à prendre le risque de sortir parfois de notre zone de confort.

Au siècle passé, certains leaders de type paternalistes savaient déjà s’occuper de leurs employés comme d’une famille, et le parcours d’évolution était clairement défini sous le nom de «carrière» selon un système de niveaux hiérarchique. Aujourd’hui, la situation est plus complexe et nécessite d’inventer de nouvelles façons de faire : le côté paternaliste a été largement abandonné dans le management classique (en considérant les employés plus comme des ressources que comme des membres de la famille), et les carrières sont beaucoup moins bien définies, la réussite sociale en terme de position hiérarchique ayant perdu de son attrait.

En gouvernance cellulaire, c’est le collectif tout entier, ou plutôt chacun des individus qui le compose et les processus définis collectivement, qui doivent contribuer à ce que chacun soit à sa place.

 

2) Agir avec les principes du vivant

Avant de s’inspirer du vivant, encore faut-il savoir de quel vivant nous parlons. La compétitivité et la loi du plus fort s’inspirent d’une observation du vivant, le darwinisme, qui a depuis été questionné, voire démonté.

Il s’agit donc ici plus de s’appuyer sur les ouvrages comme celui de Pablo Servigne «L’entraide, l’autre loi de la jungle» : La simplicité, la responsabilité, la coopération et l’ajustement continu sont des mécanismes au cœur du fonctionnement de la nature, et la Gouvernance Cellulaire entend s’en inspirer.

Parmi tous ces aspects, l’ajustement continu en est la pierre angulaire et ancre une posture indispensable à la pratique de toute forme d’agilité : sortir du prévoir et contrôler pour basculer vers essai-erreur-ajustement.

Il s’agit là d’un pas conséquent, souvent d’un acte de foi pour celles et ceux qui ont entraîné depuis toujours leur mental à imaginer tout ce qui pourrait arriver de pire afin de prendre les devants. Faire ce pas nécessite de cultiver une posture humble et vulnérable, que l’on ne peut assumer qu’en s’appuyant sur une réelle confiance en l’autre.

Car prévoir et contrôler, c’est avant tout se faire confiance à soi et ne pas faire confiance aux autres et au monde qui nous entoure. C’est envisager les défaillances de ses collaborateurs et collaboratrices, les manquements de ses fournisseurs ou les entourloupes de ses concurrents.

L’agilité, c’est accepter d’apprendre au fur et à mesure que l’on fait, dans la confiance que chacun-e des acteurs et actrices est à même de percevoir les ajustements nécessaires, et accepter de ne pas être seul à la barre. A l’image de la nature, c’est la diversité des points de vue, des solutions, des intuitions qui donne à l’ensemble sa résilience. Car on parle ici de résilience plus que de stabilité, la stabilité n’étant plus très porteuse dans un monde en constante évolution, appelé à répondre à des défis de plus en plus impactants sur nos sociétés.

 

3) Contribuer au bien commun

En systémique, il n’est pas envisageable de concevoir un système sans observer comment il interagit avec son environnement. Et si l’on considère la durabilité, le devoir de préservation de son environnement se pose comme une évidence.

En effet, à l’image de celui qui scie la branche sur laquelle il est assis, impacter négativement son environnement pour une organisation mène à la chute, même si parfois c’est à long terme seulement. C’est pourquoi Gouvernance Cellulaire recommande d’intégrer dans la raison d’être cette notion d’impact, que ce soit sur la société, les membres de l’organisation ou même le monde.

Et c’est dans ce même état d’esprit que cette constitution et de nombreuses autres ressources sont partagées sur le site gouvernancecellulaire.org, afin de justement contribuer en partageant cette façon d’être et de faire ensemble efficace et humaniste.

L’auteur

David Dräyer est membre de l’Instant Z, une association regroupant un réseau de formateurs et formatrices en Gouvernance Cellulaire, autour d’un modèle spécifique appelé Modèle Z.
Informaticien, puis artiste, il forme et accompagne des structures depuis 8 ans, principalement en Suisse. Il a rejoint le collectif Gouvernance Cellulaire en 2019.